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7 genres
et 16 espèces

 Historique. – Le premier Mélolonthide décrit de l'archipel des Comores est Encya inermis Fairmaire, 1895. Par la suite, Dewailly (1950) décrit une deuxième espèce : Enaria mayottensis.

 Paulian, en 1961, y ajoute six nouvelles espèces, dont une, raharizoninai, est mise en synonymie avec pamanzii (Lacroix, 1993). Toutes ces espèces sont reprises, par cet auteur, dans sa liste des "Coléoptères Scarabaeoidea de l'Archipel des Comores" (1978 : 76). Il fait part dans son introduction qu'un "petit mélolonthide" n'a pu être identifié. C'est cette espèce qui est décrite par  Decelle et Lacroix (1991) sur deux exemplaires de Tervuren et de Paris.

 L'étude, à la fois du matériel ancien disséminé dans les différentes collections du Muséum et d'un matériel récent provenant principalement des chasses de P. Viette et de celles que R. Viossat a eu la grande amabilité de communiquer, a permis de distinguer plusieurs nouvelles espèces. De même, grâce à cet apport, les caractères génériques ont pu être redéfinis et cette étude a abouti à la création de nouveaux genres et à la disparition du genre Encya des Comores (Lacroix, 1993).

 Le genre Encya regroupait  en effet, aux Comores, un certain nombre d'espèces dont les caractères différentiels ne permettaient pas leur maintien au sein d'un groupe bien artificiel qui ne satisfaisait pas le point de vue du systématicien (cf. Paulian, 1961 : introduction).

 Dans l’étude de Lacroix (1993), sept nouveaux genres sont créés ; six pour des espèces uniquement comoriennes, un (Mucrencya) pour des espèces malgaches et comoriennes. De même, seize espèces sont décrites des Comores, dont huit nouvelles pour la Science.


 Aperçu de la faune. – D'origine malgache, la faune des Enariini présente un endémisme très poussé. Des sept genres présents, six sont endémiques à l'archipel.

 L'endémisme des espèces est de 100 % avec un endémisme insulaire suivant :

  - 14 espèces présentes dans une seule île,

  - 2 espèces présentes dans deux îles.

  (endémisme insulaire de 87,5 %).

 L'apport initial, venant de Madagascar et propagé par les vents dominants est-ouest, s'est d'abord implanté à Mayotte (avec un des plus grands nombres de genres) puis s'est disséminé par spéciation dans les autres îles avec sans doute une grande rapidité (moins de quatre millions d'années du fait de l'origine récente de ces îles volcaniques) ; l'île la plus ancienne étant Mayotte et la plus récente La Grande Comore avec son volcanisme encore présent.


 Paulian (1964) dans son article " Composition et origine de l'entomofaune comorienne" conclut ainsi :

 "L'entomofaune comorienne s'est formée, à une époque récente, à partir d'éléments introduits, par voie passive, en proportions sensiblements égales, d'Afrique et de Madagascar. Faune en voie d'installation, elle ne montre pas de spéciation explosive et chaque île a constitué un domaine bien distinct des autres îles de l'archipel. Aucun élément archaïque n'a pu être décelé, l'endémisme est de faible ampleur".

 En ce qui concerne les Melolonthinae, à part une espèce Eulepida lepidota d'origine africaine mais dont la présence aux Comores ne peut être assurée à 100 % (récolte ancienne, étiquetage peut-être douteux), toutes les espèces présentes dans ces îles ont une origine malgache, récente, par transports passifs naturels ou plus récemment humains.

 La spéciation n'est pas explosive car encore récente et ne le sera sans doute pas du fait de la dégradation des biotopes par la déforestation et la surpopulation humaine.

 Par contre la spéciation joue surtout avec la séparation des îles. C'est le cas pour le genre Djadjoua (2 espèces, avec une espèce par île). Cela n'est pas le cas pour le genre Joziratia (9 espèces) avec un endémisme de 2 à 3 espèces par île, pour les quatre îles.

 

Importance du nombre d'espèces. – Les découvertes récentes ont démenti le fait bien établi que l'archipel des Comores était pauvre en Melolonthidae. Le tableau suivant indique le nombre d'espèces pour quelques îles ou archipels tropicaux par rapport à leur superficie.

                      Iles

Comores

Petites Antilles  (1)

Mascareignes  (2)

Nouvelle-Calédonie  (3) (4)

Nouvelle-Zélande  (5)


Superficie (en km)

                2.236

                3.417

                4.448

              16.117

            268.675


Nombre espèces

              16

              12

                9

              24

              60


  Indice

       7,16

       3,51

       2,00

       1,49

       0,22


 (1). Chalumeau (1983). (2). Lacroix (1989b).  (3). Paulian (1991).

 (4). Melolonthidae pris au sens large (Sericinae et groupes voisins).

(5). Tillyard (1926).


             Genres

Mucrencya  Lacroix

Comencya  Lacroix

Komrina  Lacroix

Humblotania  Lacroix

Mayataia  Lacroix

Djadjoua  Lacroix

Joziratia  Lacroix

 


endémique

 

            X

            X

            X

            X

            X

            X

 


 Nbre espèces

1

1

1

1

1

2

9

16


                   Espèces

Mucrencya inermis  (Fm)

Comencya mohelica (Paulian)

Komrina villosa  Lacroix

Humblotania brevitarsis  Lacroix

Mayataia griveaudi  (Paulian)

Djadjoua viettei  Lacroix

Djadjoua viossati  Lacroix

Joziratia mayottensis  (Dewailly)

Joziratia cinnamomea  Lacroix

Joziratia breviclava Lacroix

Joziratia andriai  (Paulian)

Joziratia pamanzii (Paulian)

Joziratia anjouanae  (Paulian)

Joziratia jocquei  Decelle, Lacroix

Joziratia longiclava  Lacroix

Joziratia desruisseauxi  Lacroix

Nombre d'espèces par île

Nombre d'exemplaires examinés


Comore

X

 

 

X

 

X

 

 

 

 

 

X

 

 

X

 

5

 


Anjouan

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

X

 

 

X

3

 


 Moheli

 

X

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

X

 

 

3

 


Mayotte

 

 

X

 

X

 

X

X

 

X

 

X?

 

 

 

 

6

 


 Nbre ex.

42

4

10

1

22

10

10

34

1

2

28

49

1

2

2

10

 

228


 Clé de détermination des genres présents aux Comores

1.  Massue antennaire de 3-4 articles   2

-   Massue antennaire de 5-6 articles   6

2.  Elytres prolongés en pointe ; griffes des tarses à dent interne en position médiane ; tibia antérieur avec de petites dents, en plus des deux dents apicales ; dessus du corps avec un revêtement squamuleux ou écailleux   3

-    Elytres non prolongés en pointe ; griffes des tarses à dent interne rapprochée de l'apicale ; tibia antérieur uniquement bidenté   4

3.  Bord antérieur du pronotum non marginé ; élytres sans côtes longitudinales saillantes ; suture clypéo-frontale faible   Comencya

-   Bord antérieur du pronotum marginé ; élytres avec des côtes longitudinales saillantes ; suture clypéo-frontale forte   Mucrencya

4.  Dessus du corps à pilosité double, composée de poils couchés et de longs cils dressés ; dent interne des griffes rapprochée de l'apicale mais très aplatie et élargie   Mayataia

-    Dessus du corps à pilosité simple   5

5.  Dessus du corps à pilosité bien visible ; suture élytrale plane ; écusson imponctué ; élytres avec des reliefs saillants   Komrina

-    Dessus du corps à pilosité très fine, peu visible ; écusson ponctué ; suture élytrale relevée en fin bourrelet ; élytres sans reliefs saillants   Joziratia

6.  Massue antennaire de 5 articles ; dessus à pilosité longue ; tarses postérieurs très courts à premiers articles fortement dilatés ; tibia postérieur très allongé   Humblotania

-    Massue antennaire de 6 articles ; dessus à pilosité minuscule ; tarses postérieurs longs et normaux. Djadjoua