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La particularité de cette région est l’endémicité totale (100 %) de ses représentants au sein de la famille des Hopliidae. Les trente neuf genres malgaches définis dans cette étude sont tous endémiques et sont regroupés dans une tribu des  Madahopliini, elle aussi endémique. Aucun genre n’est endémique des Mascareignes. Par contre le genre Comoramorphochelus est endémique des Comores avec une espèce. Les Iles Seychelles abritent un genre endémique, Nesohoplia Scott, avec une espèce.


  La faune malgache est composée actuellement de 39 genres. Le genre Hoplia Illiger n’appartient plus à cette faune.


Trois genres sont représentés dans toutes les régions de la Grande Ile. Ce sont : Echyra, Paramorphochelus et Amorphochelus. De plus, le genre Amorphochelus est présent aussi à la Réunion avec une espèce.

 La région Est est la plus riche en genres (32 sur 39). Peu de genres atteignent la région Sud (4) qui est aussi pauvrement représentée pour le nombre d’espèces (9). Les chiffres contrastent avec ceux indiqués pour les Melolonthinae qui, pour la région Sud, étaient de 10 genres sur 49 (20 %) et de 31 espèces sur 260 (12 %). Les Hopliidae sont donc bien moins représentés dans la région Sud que les Melolonthinae.

 Le pourcentage d’endémiques par région est faible. 22 % en région Est. Aucun endémique en régions Centre, Sud et aux Mascareignes. Les Comores abritent un seul genre, endémique de l’archipel.


 L’indice de diversité le plus fort est en région Est : cinq espèces par genre. 70 % des espèces sont présentes en région Est et seulement 4 % en région Sud.

La région Nord

 17 genres et 41 espèces sont connus de la région. Les localités de récolte sont peu nombreuses, pas plus d’une dizaine avec principalement Diego-Suarez et sa région, la Montagne d’Ambre, la forêt d’Analamerana, les environs de Vohemar (forêt d’Analalava).

 Les genres importants en nombre d’espèces sont peu représentés à part Amorphochelus avec 10 espèces sur 41. Trois genres sont endémiques : Grammodoplia (1 sp.), Paroplia (1 sp.) et Odontoplia (1 sp.). Les trois espèces du genre Euknemoplia sont présentes dans la région.

 Les espèces présentes (41) représentent 17,6 % du nombre total d’espèces (233). L’endémisme est de 34 % (14 espèces). La faune des Hopliidae est donc relativement peu représentée avec toutefois un endémisme assez important. C’est avec la région Est que les similitudes faunistiques sont le plus accentuées.

 La côte “ au vent ” de Diego-Suarez à Vohemar a été plus prospectée mais est assurément plus riche en taxons que la côte “ sous le vent ” avec des conditions climatiques peu favorables à la sédentérisation et à la multiplication de ces taxons.

La région Est

 La région Est est de loin la plus riche en nombre de genres (32 sur 39) et d’espèces (159 sur 233). 82 % des genres sont présents dans la région avec 7 genres endémiques qui sont les suivants : Athesphatoplia (2 sp.), Embrithoplia (1 sp.), Hovachelus (1 sp.), Laceratoplia (1 sp.), Minutoplia (2 sp.), Pseudoparoplia (1 sp.) et Rimuloplia (1 sp.). Aucun genre comprenant un nombre assez important d’espèces n’est donc endémique de la région.

 Sept genres sont absents de la région, mais ce sont tous des genres monospécifiques (dont un des Comores).

 Les genres d’importance moyenne sont bien représentés : Blanchardoplia avec 6 espèces sur 8, Delphinobius avec 4 espèces sur 5, Dicentrines avec 12 espèces sur 12, Madahoplia avec 10 espèces sur 15, Paramicroplus avec 8 espèces sur 9, Paramorphochelus avec 7 espèces sur 9 et Pseudomicroplus avec 5 espèces sur 6.

 Par contre, Fairmairoplia est peu représenté : 5 espèces sur 12, Hopliopsis encore moins avec 2 espèces sur 7.

 C’est dans cette région que les grands genres ont le plus de représentants : Amorphochelus avec 29 espèces sur 41, Echyra avec 19 espèces sur 28 et Michaeloplia avec 16 espèces sur 25.

 L’endémisme des espèces est élevé puisqu’il représente 54 % du nombre d’espèces présentes (86 sur 159).

 La région Est est inégalement représentative de cette richesse en taxons. Les localités de récoltes les plus nombreuses se retrouvent en presqu’île de Masoala et région de Maroantsetra, sur la côte Est de Mananara à Tamatave et dans toute la région de Moramanga à Andevorante.

La région Centre

 Le Centre est en deuxième position pour le nombre de genres présents (18) et le nombre d’espèces (69). Il est cependant loin derrière la région Est.

 La localisation des taxons est avant tout dans la partie Est de la région avec des secteurs plus peuplés ou mieux récoltés : La Mandraka, les environs de Tananarive, la région d’Ambositra à Fianarantsoa, le massif de l’Andringitra.

 Aucun genre n’est endémique de la région. Le genre le mieux représenté est Homopliopsis avec 5 espèces sur 6 (seulement 4 en région Est). Dolichoplia se répartit également en région Centre (5 sp.) et en région Est (6 sp.).

 Dicentrines (12 sp.) avec 12 sp. en région Est est absent du Centre. Il en est de même pour Hopliopsis (7 sp.) présent pourtant dans le Nord, l’Est, le Sambirano et l’Ouest.

 Les grands genres sont plus ou moins bien représentés : Amorphochelus avec 17 espèces sur 41, Echyra avec 10 espèces sur 28, Michaeloplia avec 7 espèces sur 25.

 L’indice de diversité est élevé (3,8) et c’est bien sûr avec l’Est que cette région présente le plus d’espèces communes.

 Le nombre d’espèces endémiques est de 14 (34 %), ce qui est moins bien que pour le Sambirano.

La région du Sambirano

 La région du Sambirano est peu riche en Hopliinae et les principales récoltes ont été faites sur les pentes ou hauteurs du Tsaratanana.

 Neuf genres sur 39 ont été répertoriés (23 %) et 32 espèces sur 233 (14 %). L’indice de diversité est par contre assez élevé : 3,5.

 Le seul genre endémique est Oreogenoplia avec une espèce : O. solitaria Lacroix.

 Paramorphochelus est le seul genre assez bien représenté (3 espèces sur 9). Les grands genres sont peu représentés, mais mieux que pour la région Ouest : Amorphochelus avec 9 espèces sur 41, Echyra avec 8 espèces sur 28, Michaeloplia avec 4 espèces sur 25. Le genre Dicentrines (12 sp.) n’a pas de représentants, de même que Blanchardoplia (8 sp.), Fairmairoplia (12 sp.) et Paramicroplus (9 sp.).

 Le Sambirano ne présente pas de particularité faunistique et ses espèces communes avec d’autres régions le sont en égalité avec celles du Nord, du Centre ou de l’Ouest.

 Seize espèces sont endémiques (50 %). Parmi celles-ci Echyra tsaratanensis récolté en 38 exemplaires dans 3 localités des contreforts du Tsaratanana et Amorphochelus nudus avec 23 exemplaires et 2 localités du massif du Tsaratanana.

 Le genre Tsaratanoplia (monospécifique) est présent avec T. sogai à la fois dans le massif du Marojejy (région Est) et dans le massif du Tsaratanana (5 localités riches en récoltes).

La région Ouest

 La région Ouest vient en deuxième position pour le nombre de genres présents (18) et en troisième position pour le nombre d’espèces (50).

 Un seul genre est endémique, Dilatatoplia, avec une espèce : D. henrici (Fairmaire) de Suberbieville.

 Le genre Fairmairoplia, avec 7 espèces sur 12, a sa plus forte représentation en région Ouest. Les grands genres sont peu représentés : Amorphochelus avec 6 espèces sur 41, Echyra avec 6 espèces sur 28, Michaeloplia avec 2 espèces sur 25.

 L’indice de diversité (2,7) est faible et c’est avec la région Centre qu’il y a le plus grand nombre d’espèces communes (35 %).

 Seize espèces sont endémiques de la région (32 % d’endémiques).

 Les espèces les plus récoltées sont les suivantes :

Michaeloplia ocellata, endémique, avec 43 exemplaires pour 8 localités.

Fairmairoplia pygialis, endémique, avec 54 exemplaires pour 3 localités.

Homopliopsis madacassa, avec 39 exemplaires et 5 localités.

Madahoplia griseosetosa, avec 14 exemplaires et 2 localités.

 Trois espèces du genre Paramorphochelus sont abondantes dans la partie Sud de la région : P. martinius, P. seorsus et P. agricola. Au sein du genre Amorphochelus, seul A. retusus a une vaste répartition dans toute la région.

 Le genre Dentatoplia, monospécifique, avec le taxon rudesquamosa, présent aussi en région Centre (2 localités), est bien mieux représenté en région Ouest (6 localités).

 Une station de récolte classique est Suberbieville [Maevatanana] où de nombreuses espèces furent récoltées par H. Perrier de la Bâthie et décrites par Fairmaire.

La région Sud

 C’est la région la plus pauvrement représentée en Hopliidae. 4 genres et 9 espèces atteignent cette région.

 Ce sont les genres Amorphochelus (2 espèces), Echyra (3 espèces), Euknemoplia (1 espèce) et Paramorphochelus (3 espèces). Ces trois espèces du genre Paramorphochelus (P. agricola, P. martinius, P. seorsus) ont une vaste répartition en région Sud, mais sont aussi bien présentes en région Ouest et moins dans les autres régions. Euknemoplia lactinea est connu de Bassin du Mandrare.

 Echyra umbrina, avec une forte distribution en régions Centre et Est, n’est récolté qu’à Beloha. Il en est de même pour Echyra margaritacea récolté aussi à Beloha et qui est abondamment distribué en régions Est et Centre. Par contre, Echyra decorsei est endémique de la région avec des récoltes à Ambovombe.

 Amorphochelus retusus est présent dans toute la région. A. cribrellus n’est connu que de Ambovombe.

 La région Sud, avec une seule espèce endémique (Echyra decorsei), n’héberge que 4 % du nombre total d’espèces de la Grande Ile. Encore, faut-il ajouter, que seul le genre Paramorphochelus, avec trois espèces, présente une densité d’occupation significative (la répartition de A. retusus est moins significative, cette espèce ayant une répartition très vaste dans toute l’île et même jusqu’à la Réunion).

 Il est intéressant de comparer ces résultats avec ceux concernant la faune des Melolonthinae (10 genres et 31 espèces présents dans le Sud et 17 espèces endémiques, taux d’endémisme : 55 %). Les facteurs climatiques en région Sud sont plus favorables aux Melolonthinae, groupe bien adapté aux fortes variations climatiques et à de longues périodes de sécheresse.



 La région malgache est tout à fait originale en ce qui concerne sa faune des Hopliidae. Tous les composants de cette faune sont endémiques de la région et se regroupent au sein d’une tribu, elle-même endémique.

 Trente neuf genres et deux cent trente trois espèces composent, à l’heure actuelle, cette faune et placent Madagascar au deuxième rang, après l’Afrique du Sud, pour la richesse en nombre de taxons.

 C’est la région Est qui est la plus peuplée avec trente deux genres et cent cinquante neuf espèces présents.

 L’importance du nombre de taxa semble lié à l’existence d’un couvert végétal dense et varié, d’où la rareté du nombre d’espèces en région Sud et la pauvreté actuelle en région Ouest du fait d’une régression due à la disparition progressive du couvert végétal, autrefois abondant, des pentes occidentales.

 La spéciation dans la Grande Ile, comme pour d’autres groupes de Coléoptères ayant trouvé des niches favorables et sans compétiteurs, est intense et de nombreuses espèces dont certaines appartiennent au même genre peuvent se rencontrer dans une même localité. Ces espèces occupent des niches écologiques variées sur la même localité sans se porter préjudice (espacement dans le temps, les dates et durées d’apparition ; occupation des différents biotopes ; différenciation des régimes alimentaires des larves (Lacroix, 1993 : 806).

 Cette spéciation est plutôt de type sympatrique qu’allopatrique, et rejoint en cela ce que l’on retrouve dans d’autres groupements insulaires.

 L’origine du peuplement est gondwanienne nord-orientale (Afrique du Sud - Madagascar - Inde). Le processus de séparation des différents éléments de la plaque du Gondwana a été bien expliqué par différents auteurs (même si la datation est quelquefois différente) et résumé par d’autres (Lacroix, 1993 : 803 - 804).

 En ce qui concerne les Hopliidae malgaches nous pouvons présumer de leur origine à partir d’une souche située dans la partie Nord-Orientale du continent du Gondwana et dont sa progression et différenciation s’est opérée au cours des temps géologiques.